Ce qui marque d’emblée pour cette nouvelle série, c’est le choix d’un format sphérique opéré par Nicolas Dhervillers. Cette forme parfaite qui s’en réfère au divin, incarne tour à tour l’œil, la lentille, le cosmos. L’objet tel une fenêtre immense, celle de ces oculi au sommet des transepts, nous met en apesanteur au cœur de ces récifs enneigés familiers à l’artiste. Les masses vaporeuses et les trainées de lumière ponctuant le paysage, génèrent cette « inquiétante étrangeté » que nous lui connaissons déjà.
Si la photographie retient toujours la netteté, c’est bien de l’abstraction et en particulier de celle du dessin, que revient la sensation de l’invisible, cette sensation palpable d’espace, ici vertigineuse. Ces masses d’air brumeuses densifient les plans et s’inscrivent par là même, dans la continuité de la série Nostalghia (2013). Elles renforcent la dramaturgie. Elles se répandent dans l’arrondi d’une vision convexe. Ces oculi s’apparentent à des globes, des astres lointains, familiers bien qu’hostiles.
A la poursuite d’un perpétuel renouvellement de la photographie, Nicolas Dhervillers invoque nle rôle du spectateur et l’optique. « Il est vrai que le monde est à la fois ce que nous voyons, et pourtant il faut apprendre à le voir. » (Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible). Cette percée, c’est son propre regard d’artiste, submergé au sommet des cimes ou peignant à l’encre de Chine sur des lentilles de verre. C’est celui présupposés d’autres explorateurs fascinés par l’immensité, alpinistes et scientifiques, de leurs observatoires éphémères et sensibles. C’est celui ramené au présent de nos esprits lévitant.