TOURISTS 1 & 2

TOURISTS (EN) – 2010

Tourists fresh in from Miami Beach, Mexico, Moscow or Vladivostok find themselves totally alone and uprooted. This is an unmappable world where bearings are lost, that seems as unlikely as its new inhabitants. This series raises the question of taking yet more photos when everything seems to have already been done, repeated and reproduced. Reappropriating existing images, available to everyone with just a click is one of the many answers. Unlike the series « Day for night » (Nuit Américaine) , where the photographs had titles like ‘Colorado xx’ and told us something about the places seen in them (in fact a trick as the photographs were taken in the South of France), the initial idea behind this new series was to radically change night photos that I had already taken and that had a pictorialist tendency, in order to create a new non-place. A sort of « zone » (in reference to Tarkovsky’s film ‘Stalker’), a secret, spiritual, and even dangerous place. Relighting certain parts of the photo has been used as much for the slowly changing, and almost surreal nature as for the people. The sort of photograph that is the most widespread on the net is, without contest, the holiday snap. So I carried out a universal ‘casting’ session by spending hours googling portraits of anonymous people, looking for the most banal image possible. Out of context « my » tourists visit the photographs, and provide food for thought as to whether they really are explorers or mere « spectators ». They are probably not ready to go into this « zone » where everything is possible. They are slaves in this intermission, mistakenly becoming survivors of the internet, in a universe that is somewhere between science fiction and witchcraft, between fear and faith. A strong lateral light source hints at what is beyond the frame of each photograph. The tourists seem to be caught in a moment of contemplation, between absence and presence. If belief in these images is strong at first glance, in fact it is only a sham. By looking at these photos in more detail it is hard to define this impression of light that bursts from a place that cannot be recreated in real life. By extrapolating a little, you can almost see in these characters the expression of people on parole. They have escaped from a cavern, in the philosophical Platonic sense of the term, and have come into contact with the « real » world, which is paradoxically blinding.

 

TOURISTS (FR) – 2010

Des touristes débarqués de Miami Beach où du Mexique, de Moscou ou de Vladivostok se retrouvent seuls au monde, déracinés. Un monde impossible à cartographier tant les repères sont bouleversés, tant ce monde semble tout aussi invraisemblable que ces nouveaux habitants. Cette série pose la question de savoir pourquoi produire de nouvelles images alors que toutes semblent d’ores et déjà avoir été faites, multipliées, reproduites. La réappropriation d’images existantes, mises à la portée de tous en un simple clic est une des multiples réponses. Contrairement à la série Nuit Américaine où le titre des images «Colorado xx» renseigne sur la géographie des lieux représentés (en fait un leurre, les images ayant été prises dans le sud de la France), la première idée de ce nouveau travail a été de faire basculer des images que j’avais réalisées à tendance pictorialiste en pleine nuit, afin d’y faire naître cette fois un non-lieu. C’est à dire une sorte de «zone» (référence au film Stalker du cinéaste Tarkovski), un endroit secret, spirituel, voire dangereux. Le ré-éclairage, ponctuel, concerne aussi bien certaines parties d’une nature devenant dénaturée, presque surnaturelle, que ces sujets situés dans l’image. Le genre d’image le plus répandu sur le web est sans conteste la photo de voyage, de famille, touristique, bref, la photo souvenir. J’ai ainsi procédé à un «casting» universel en «googlisant» les portraits de personnes anonymes à partir du moteur de recherche pendant des heures, en traquant l’image la plus banale qui soit. Décontextualisés, «mes» touristes visitent ces images, et donnent à réfléchir sur ce qu’ils sont par nature: aventuriers ou « spectateurs ». Ils ne sont sans doute pas préparés à entrer dans cette «zone» ou tout est possible. Ils sont esclaves d’un moment de pause, rescapés du système Internet par erreur, dans un univers entre la science-fiction et la sorcellerie, entre la peur et la foi. Le hors-champs est tout le temps suggéré, par la présence d’une forte lumière latérale. Ces touristes semblent être en recueillement, entre absence et présence. Si la croyance en ces images passent très bien de prime abord, il ne s’agit que d’un simulacre, car si on se penche plus en détail sur ces photographies on ne saurait qualifier cette impression de lumière, celle-la même qui jaillit d’un endroit que nul ne pourrait reproduire en réalité. En extrapolant un peu, on pourrait voir en ces personnages l’expression d’une libération conditionnelle. Ils se sont échappés de la caverne, au sens philosophique platonicien du terme, et rencontrent à présent le «vrai» monde, paradoxalement aveuglant.


Tourists I – 11 photographs – Lambda print – 70 x 87,5 cm – Edition of 7 and 2 EA – 2009
Tourists II – 10 photographs – Pigment print- 90 x 110 cm – Edition of 3 and 2 EA – 2010