They are Amish men, women and children. They are stare at rivers, gaze into emptiness or watch the horizon. They are walking amid snow and bare lands, wandering through woods. They are anchored in light or placed at the source of a wellspring. These actors sit on a rock, on the side of the road. One with his chin resting on one hand as though deep in thought. A pose that reminds the viewer of August Rodins famous bronze sculpture “The Thinker”.
They are Amish, Anabaptists, similar to those at the end of the seventeenth century, who stand in front of waters, sometimes cloudy, sometimes clear and are torn between faith and flight. Whether to embrace or throw over board one of their first rules: Do not conform any longer to the pattern of this world, but be transformed by the renewing of your mind ».
They are figures that have been forgotten, images taken off the Internet, which seem to have lost their memory. In my photographs, they have found a place, a corner, waiting to discover a meaning to their existence. The landscapes in my works equal solitude, they stand for loneliness and desolation; they are metaphysical territories, in a way can be understood as meditations. They are poetic, romantic, spiritual and intimate experiences.
Daylight slowly fades while the night awakens and the surroundings encounter a wolfish air, the scenes are always and permanently reversed on the side of the film sequence. What remains are mystery and strangeness. As my own artistic director, I strive to perfect these fictional and aesthetic collages, that are halfway between Flemish and Caspar David Friedrich’s paintings and the meandering of Tarkovski’s characters.
With the “Detachment” series I offer the Anabaptist Amish community a new domain in high definition, a second life, another narrative, a possible return to Switzerland, where it all began. We will never know if my miniature actors are saved, disenchanted… whether they will be stuck in their lonely beliefs or will choose to wander into the world of men, even if this world is crazy and broken in many places… even if this world often descends into hatred, even if this world sometimes no longer dreams; this world is also capable of the greatest adventures and surprises.
Detachment was conceived in 2015. This turbulent year ends a trilogy that began in 2011. It is the last installment of the series. Starting with “My Sentimentals Archives”, followed by “Hommages” it ends with “Detachment”.
In Detachment, my new photo series, nature is frigid, frosted and very white. The roads lead to the unknown or end in abrupt turns. The forests look like jungles. There are lonely mountains, peaks and ravines, a metal bridge between two worlds, the spectacle of a waterfall. There are steaming waters and skies moistened like blotters, which in some places are pierced by a distant, almost Elysian sun, descending and illuminating, mirage or truth, tiny and anachronistic characters.
Ce sont des Amish, des femmes, des hommes, des enfants qui regardent des rivières, le vide ou l’horizon, qui marchent au milieu de manteaux de neige et sur des terres pelées, qui errent au fond des bois, se fixent dans la lumière ou au pied d’une source, sur un rocher, sur la chaussée, qui le poing sur le menton comme un célèbre Penseur, considèrent la nature et leur condition.
Ce sont des Amish, anabaptistes, semblables à ceux de la fin du dix-septième siècle, qui devant des eaux, parfois vaporeuses, parfois claires, hésitent entre la foi et la fuite, jeter ou embrasser la première de leurs règles : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure. »
Ce sont des figures, arrachées à l’oubli, des images volées sur Internet, qui semblent avoir perdu la mémoire et trouvé dans les photographies de Nicolas, une place, un coin, en attendant de trouver un sens à l’existence. Car dans l’œuvre de Dhervillers, les paysages sont pareilles à des solitudes ; ils sont des territoires métaphysiques, des méditations. Ils sont des expériences poétiques, romantiques et intérieures.
Et parce que les jours s’endorment et que les nuits se réveillent, que les décors baignent dans un air chien-loup, que les scènes se renversent toujours du côté de la séquence filmique, en permanence, il reste du mystère et une étrangeté. L’artiste, en parfait réalisateur, fabrique des collages fictionnels et esthétiques, à mi-chemin entre les peintures flamandes, les tableaux de Caspar David Friedrich et les errances des personnages de Tarkovski.
Avec Detachment, il offre à la communauté Amish anabaptiste, un territoire en haute définition, une seconde vie, un autre récit, un possible retour en Suisse, là où tout a commencé, à l’origine de leur histoire. On ne saura pas si les acteurs miniatures de Nicolas sont sauvés, désenchantés, s’ils resteront coincés dans leur croyance solitaire ou s’ils feront le choix d’aller vers le monde des hommes, même si ce monde est fou et par endroits brisés, même si ce monde se meurt dans ses haines, même si ce monde parfois ne rêve plus ; ce monde est aussi capable des plus grandes aventures.
Detachment a été imaginé en 2015. En cette année trouble, il vient clore une trilogie commencée en 2011, dernier volet des séries, My Sentimentals Archives et Hommages.
Dans Detachment, la nouvelle série photographique de Nicolas Dhervillers, la nature est givrée et très blanche. Les routes se taillent vers on ne sait où, ou bien se cassent sur des virages secs. Les forêts ressemblent à des jungles. Il y a des montagnes perdues, des pics et des ravins, un pont de métal entre deux mondes, le spectacle d’une cascade. On y trouve des eaux fumantes et des ciels mouillés comme des buvards que vient trouer, par endroits, un soleil lointain, presque élyséen, qui descend et éclaire, mirage ou vérité, des personnages minuscules et anachroniques.